PATRICIA DINEV

COMMENT J’EN SUIS ARRIVÉE LÀ ET QUELLE EST MA DÉMARCHE

Je suis tombée dans la plume sur le tard presque par hasard. Après une longue carrière d’actrice, réalisatrice, scénariste, je suis retournée à la source, celle de mes premières amours : la couture, le tissus, la mode.

J’ai commencé par vouloir accessoiriser une de mes réalisation, une jupe en paille… très raide, le genre de jupe qui oblige à rester debout toute la soirée… J’ai confectionné un premier collier inspiré de ce que j’avais pu voir dans les musées. Et j’ai eu comme un déclic. L’art de la plume m’ouvrait tout un monde au cœur de la forêt primaire, du temps où les peuples autochtones tissaient encore des liens spirituels avec leur milieu naturel.

Il me fallait persévérer. Je devais me confronter à ce matériaux particulièrement difficile à discipliner. Par sa nature rebelle, la plume m’a appris à accepter l’imprévu au lieu d’essayer de le vaincre. J’ai commencé à relativiser, à simplifier. Mon rapport à la mode a changé, ma garde robe s’est débarrassée du superflu. Car pour mettre en valeur mes créations, le vêtement doit s’effacer, il devient support, toile de fond. On peut considérer que c’est une limite, mais pour moi, ce fut un nouveau départ, un nouveau rapport à la séduction, au corps et à toute forme de création.

Cette importance rendue à l’accessoire m’a conduite vers une réflexion plus générale sur le bijou, son rapport au corps, à la séduction et surtout, elle m’a poussée à m’interroger sur la meilleur façon de le montrer. Un désir de scénographie est monté en puissance dans lequel le corps augmenté du bijou se matérialise sous différentes formes dans l’espace. Ces petites mises en scène sont devenues une partie importante de mon travail actuellement. Je compte approfondir cette réflexion dans le cadre d’expositions futures qui interrogerons l’ambiguïté entre art et accessoire, parure et sculpture.

Patricia Dinev